:: Les Anciennes Mesures De France ::
 
Aune, Toise, Pied De Roi, Setier, Gros, Bicherée...

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les mesures étaient d'une extrême diversité. Des mesures de même nature et de valeurs voisines avaient des appellations différentes selon les provinces, voire selon les villes ou les villages d'une même région. A l'inverse, le contenu physique de mesures de même nom différait en général selon les lieux, et aussi selon la corporation intéressée ou l'objet mesuré. De plus, les échelles de multiples et sous-multiples n'étaient pas cohérentes et variaient selon les régions.

Une certaine uniformité avait régné au début de l'ère chrétienne, à l'époque gallo-romane, lorsque le pied et la livre de Rome se sont largement répandus en Europe. Mais l'extrême morcellement du territoire devenu depuis la France, où le pouvoir était alors partagé entre un nombre considérable de seigneurs et de villes, a favorisé une évolution « en vase clos » des noms et des valeurs des mesures.

Il s'était ainsi formé, au sein de chaque groupe humain, collectivité territoriale ou corporative, un « système » de mesures approprié aux besoins du groupe, système souvent homogène si on se plaçait du seul point de vue du lieu ou du métier. Mais, d'un point de vue général, l'ensemble des mesures alors en usage en France a pu être considéré par un contemporain comme « un chaos informe et ridicule » (Gattey, 1801).

Cependant, la variété des noms des mesures n'était pas étonnante, si l'on considère la multiplicité des patois locaux, et la présence de deux grands groupes linguistiques, celui « d'oil » dans les provinces du Nord, et celui « d'oc » dans celles du Sud.

Les noms de ces anciennes mesures étaient, dans toutes leurs variantes, souvent très imaginés, et attachés soit aux dimensions de l'homme (pied, pouce, etc.), soit à ses aptitudes (journal : étendue de terre travaillée en un jour...).

Notre conception moderne de la mesure, qui est de la détermination des grandeurs physiques, peut fausser notre jugement sur les méthodes de mesurage de nos ancêtres : dans l'esprit de ces dernier, la notion de grandeur physique n'avait souvent qu'un intérêt secondaire, et s'effaçait largement devant celle de « valeur-travail » ou de « valeur-monnaie », notamment lorsqu'il s'agissait de céréales ou de terrains.

Quoi qu'il en soit, au XVIIIe siècle, la multiplicité de ces mesures n'ayant entre elles aucun facteur commun commençait à devenir extrêmement gênante, notamment dans les activités administratives, commerciales et scientifiques.

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