Les
années 1860-1870 ont annoncé et inauguré pour le système métrique une
période de rénovation. Tous les savants en recommandaient l'utilisation ; on
peut citer à ce sujet, par exemple, aussi bien l'opinion de l'Anglais
Maxwell que celle de l'Allemand Gauss. A l'issue de l'Exposition
internationale de 1867, un Comité constatait : « Le système métrique est
parfaitement propre à être adopté... dans les sciences, dans les arts, dans
l'industrie et le commerce ». En 1870, il était le seul système légal dans
treize pays, il servait de base à des étalons de huit autres États, et son
emploi était légalement autorisé dans la plupart des autres, dont les
États-Unis.
Sur
le plan métrologique, on préconisait un système décimal basé sur les étalons
des Archives. En août 1870, sur l'invitation du gouvernement français, se
réunit à Paris une « Commission Internationale du Mètre », qui, du fait de
la guerre, nomma simplement un Comité préparatoire. Les travaux furent
repris en 1872, avec la participation de vingt-huit pays. Le 20 mai 1875,
les représentants de dix-sept États, sur les vingt présents, ont signé la «
Convention du Mètre ».
Cette
Convention a créé un ensemble d'organismes chargés d'assurer l'uniformité
des mesures physiques dans le monde : le « Bureau International des Poids et
Mesures » (BIPM), laboratoire permanent de métrologie, installé au pavillon
de Breteuil, à Sèvres, près de Paris ; le « Comité International des Poids
et Mesures » (CIPM), qui contrôle directement le BIPM et prépare les
décisions et recommandations ; enfin la « Conférence Générale des Poids et
Mesures » (CGPM), instance supérieure qui réunit à Paris, actuellement tous
les quatre ans, les représentants des États signataires de la Convention.
La
première Conférence générale, en 1889, sanctionna la réalisation de
prototypes internationaux « déduits de la valeur du Mètre et du Kilogramme
des Archives dans leur état actuel ». Ces prototypes sont en alliage de
platine à dix pour cent d'iridium.
Ils
ont été fabriqués avec des précautions draconiennes, inimaginables un siècle
plus tôt. Le platine des étalons des Archives contenait de nombreuses
impuretés ; il était constitué de poudre de platine agglomérée par forgeage.
Le nouvel alliage était fondu ; on l'avait soumis à des analyses très
précises pour vérifier l'absence d'impuretés oxydables ou magnétiques comme
le fer ou le ruthénium. Les nouveaux étalons furent fabriqués entre 1871 et
1888, d'abord sous la responsabilité de la Section Française de la
Commission Internationale du Mètre, en particulier du chimiste H.
Sainte-Claire.
Deville
et du physicien H. Fizeau qui se livrèrent eux-mêmes à de nombreuses
vérifications, puis sous la responsabilité du CIPM et du BIPM.
Le
Kilogramme international de 1889 est un cylindre. Il est toujours,
actuellement, le prototype de masse.
Le Mètre international de 1889 est une règle, à section en X, longue de 102
cm, portant un trait à un centimètre de chaque extrémité. La distance entre
ces deux traits définissait alors le mètre.
Mètre et kilogramme étalons de 1889 (B.I.P.M.)
La
longueur pratique du mètre, y compris pour des mesures demandant une
précision relativement grande, est toujours celle donnée par ce prototype.
Cependant,
la précision permise par cet étalon matériel est devenue insuffisante pour
certains besoins actuels, et il a été jugé nécessaire de modifier la
définition du mètre, en adoptant un « étalon optique ». En 1960, on a choisi
comme base une longueur d'onde. En 1983, la définition a été de nouveau
modifiée, et rattachée cette fois à la vitesse de la lumière.
À
l'heure actuelle, deux autres organisations internationales concourent à la
mise en application, sur les plans pratiques et légaux, des décisions des
CGPM : l'« Organisation Internationale de Métrologie Légale » (OIML),
chargée de l'harmonisation internationale des législations relatives aux
unités de mesure ; l'« Organisation Internationale de Normalisation » (lSO),
chargée notamment de normaliser les règles d'emploi et d'écriture des
symboles des unités SI (Système International d'unités).