:: La Mesure De L'Arc De Méridien ::
 
La Triangulation

Pour les opérations de mesure, l'arc de méridien fut divisé en deux zones. Delambre fut chargé de la partie nord, de Dunkerque à Rodez, Méchain de la partie sud, de Rodez à Barcelone.

Les deux astronomes utilisèrent le procédé de la triangulation, dont le principe est le suivant :
• sur la bande de terrain qui contient l'arc de méridien à mesurer, on choisit, à l'est et à l'ouest de l'arc, un certain nombre de points (des clochers, par exemple) visibles les uns des autres au moins trois par trois ; ces points forment un réseau de triangles couvrant l'arc ;
• depuis chaque sommet de ces triangles, on mesure les angles des visées sur les autres sommets, ce qui définit tous les triangles par leurs angles ;
• dans le réseau, on choisit, comme côté de l'un des triangles, une « base », longueur de terrain à peu près horizontal d'une dizaine de kilomètres, qu'on mesure directement ;
• par visée astronomique, on mesure l'azimut d'un des côtés des triangles, c'est à dire l'angle qu'il fait avec le méridien, ce qui permet d'orienter le réseau, puis on mesure la latitude des deux extrémités de l'arc, ce qui déterminé son amplitude.
• la triangulation permet alors de calculer de proche en proche, à partir de la base de la longueur des côtés des triangles et leurs projections sur le méridiens, au niveau de la mer, c'est-à-dire la longueur de l'arc, d'où l'on déduit celle du quart de méridien.

Pour la mesure des angles, Delambre et Méchain utilisèrent un instrument dénommé « cercle répétiteur », mis au point peu auparavant par Borda et Lenoir, et qui permet d'atteindre une précision d'une seconde d'arc.


Cercle Répétiteur
(Paris, Conservatoire National des Arts et Métiers)

La base de départ, d'une longueur d'environ 6000 toises (11,7 kilomètres), fut mesurées près de Melun ; à titre de vérification, une seconde base fut mesurée près de Perpignan.

Pour ces mesures, dirigées par Delambre et Laplace, on utilisa des « règles de Borda », confectionnées par Lenoir et ajustées sur la Toise de l'Académie ; chaque règle, longue de 12 pieds (environ 4 m) était un couple de deux tiges, l'une en platine, l'autre en laiton, placées l'une sur l'autre, réunies par une de leurs extrémités, et terminées par des verniers, ce qui permettait de tenir compte d'une manière précise de la dilatation due à la température ; on les reportait successivement, en ligne droite, tout au long de la base.

Ce travail très important, accompli en pleine période révolutionnaire, fut interrompu par de nombreux incidents tels que bris ou destruction de matériel, arrestations, etc. Commencé en juin 1792, il ne fut terminé que vers la fin de 1798.

Pour obtenir le résultat final, les savants ont dû aussi tenir compte de l'aplatissement de l'ellipsoïde terrestre, et ont utilisé à cet effet les données recceuillies lors de la mesure d'arc de méridien faite à l'équateur de 1735 à 1744.

La valeur de la distance du pôle boréal à l'équateur fut trouvée égale à 5 130 740 toises. (La valeur utilisée pour la détermination du mètre provisoire avait été de 5 132 430 toises).
 

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