:: Les Mesures Usuelles De 1812 ::

A partir de 1800, chaque circulaire annuelle du ministre de l'intérieur déplorait les retards : « L'usage effectif des nouvelles mesures aurait pu faire des progrès plus satisfaisants. Il est temps qu'une institution aussi importante ne soit plus une vaine et inutile théorie. Il est temps, surtout, que les transactions commerciales cessent d'être entravées par l'amalgame des nouvelles mesures avec les anciennes » (Circ. de 1805). Ce dernier texte semble reconnaître que le retour aux anciens noms, en l'an 9, n'avait pas été une bonne décision. Cependant, le gouvernement va récidiver...

On en vint à penser que « la résistance à l'adoption des nouvelles mesures ne tient point au fond du système, mais uniquement à ce que les unités usuelles qui en ont été déduites ne sont peut-être pas assez appropriées aux besoins journaliers du peuple. Le mode de division par dix est extrêmement favorable aux calculs, mais ne l'est pas aux opérations que le peuple est journellement obligé de faire » (Circ. de 1812).

On va donc, non seulement reprendre les noms anciens, mais aussi autoriser l'abandon de la division décimale et le retour aux subdivisions anciennes.

La mesure est décidée par le décret du 12 février 1812 : « Il ne sera fait aucun changement aux unités des poids et mesures de la France », mais « il sera confectionné, pour l'usage du commerce, des instruments de pesage et mesurage qui présentent soit les fractions, soit les multiples des dites unités, les plus en usage dans le commerce, et accommodés aux besoins du peuple ».

Les textes d'applications (Arrêté et circulaire du 28 mars et suivants) insistent sur le fait que « ces dispositions n'étant relatives qu'à l'emploi des mesures et des poids dans le commerce de détail et dans les usages journaliers, les mesures légales continueront à être seules employées dans tous les travaux publics, le commerce en gros, et toutes les transactions commerciales et autres. Le système légal sera aussi seul enseigné dans les écoles publiques ». Il s'agit de « mesures simplement tolérées », portant toujours l'indication de leur correspondance en valeurs métriques, et dont l'usage devra faire l'objet d'un nouvel examen dans un délai de dix années.

Ainsi, à partir de 1812 (et jusqu'en 1839), les marchands en détail ont pu utiliser :
• Une toise de 2 mètres, se divisant en 6 pieds ; le pied (valant ainsi un tiers de mètre) se divisant en 12 pouces, le pouce en 12 lignes.
• Une aune de 120 centimètres, se divisant en demis, tiers, etc.
• Un boisseau d'un huitième d'hectolitre, ayant son double, son demi et son quart.
• Un litre pouvant se diviser en demis, quarts, huitièmes et seizièmes.
• Une livre de 500 grammes, pouvant se diviser en 16 onces, l'once en 8 gros, le gros en 72 grains.

Ce système de « mesures usuelles » prétendait faire accepter le système métrique en le replaçant dans un cadre « familier au peuple », mais ce cadre n'était familier qu'aux habitants de la Région parisienne. De plus, la confusion risquait de s'aggraver : par exemple, la « livre », qui équivalait à environ 489 grammes en 1789, puis à 1000 grammes en 1800, pesait maintenant 500 grammes !

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