:: Du Système Métrique Au Système International ::
Les Missions Du Conservatoire Des Arts Et Métiers
Le
bureau des poids et mesures, rattaché au ministère de l'agriculture et du
commerce, ne disposait pas des moyens nécessaires aux opérations et aux
études qu'exigent les comparaisons de mesures et de poids. Le gouvernement
devait, lorsqu'il en était besoin, former des commissions spéciales, faisant
appel à des membres de l'Institut, à des professeurs du Conservatoire ou à
des techniciens.
Après
l'entrée en vigueur de l'obligation légale, en 1840, le gouvernement estima
nécessaire de désigner un organisme normalement chargé des opérations de ce
genre, et choisit à cet effet le Conservatoire des Arts et Métiers. En avril
1848, l'administrateur du Conservatoire reçut une décision ministérielle
déclarant : « Dans l'intérêt de la science et de l'industrie, le dépôt
central des étalons prototypes établi au Ministère de l'agriculture et du
commerce sera transféré au Conservatoire des arts et métiers, et placé sous
votre direction et sous votre surveillance spéciales. »
À
propos des échanges d'étalons amorcés en 1841, la décision ajoutait,
concernant le travail de vérification et de comparaison : « Cette tâche, qui
devait être exécutée sous les auspices d'une Commission scientifique, doit
être poursuivie sous votre direction personnelle. » Dès le mois suivant, mai
1848, les modèles, étalons et instruments conservés dans la « Galerie des
poids et mesures » du Ministère furent transportés au Conservatoire.
En
1851, le Conservatoire envoya à l'Exposition de Londres une collection
complète de poids, mesures et instruments de pesage, qu'il avait commandée
au balancier-mécanicien Parent. À partir de cette époque et par suite des
relations que les expositions universelles de 1851, 1855 et 1862 établirent
entre les savants et les ingénieurs de nombreux pays, les avantages du
système métrique décimal furent de plus en plus universellement appréciés.
Les demandes de comparaisons faites au Conservatoire prirent un caractère
d'autant plus important qu'il s'agissait souvent d'étalons destinés à
devenir des prototypes nationaux.
Les
opérations se faisaient avec les étalons en platine du Conservatoire. A la
demande de celui-ci, ces étalons ont fait l'objet, en 1864, d'une nouvelle
comparaison avec ceux des Archives, ce qui permettait de rapporter à ces
derniers, sans contestation, tous les résultats des opérations du
Conservatoire.
De
1867 à 1869, le Conservatoire a procédé à la révision générale des étalons
affectés aux bureaux de vérification des poids et mesures. Les 371 bureaux
ont été munis d'étalons du mètre, du kilogramme et du litre, ajustés avec
une précision voisine du cent millième pour les longueurs et les poids, et
du dix millième pour les capacités, ce qui dépassait largement les besoins
locaux.
En
1869, au moment où la France allait proposer la réunion d'une Commission
internationale sur les mesures, quatorze États avaient reçu, par les soins
du Conservatoire, des mesures métriques étalonnées.
Les
travaux de la Commission Internationale du Mètre, en 1870, puis en 1872, se
déroulèrent au Conservatoire ; ils furent animés par le général Morin,
membre de l'Institut, directeur du Conservatoire. Tresca, sous-directeur,
apporta aussi à ces travaux un concours très actif ; notamment, il mit au
point le profil en X qui fut adopté en 1889 pour le Mètre international.
Les
ateliers du Conservatoire réalisèrent également, entre 1872 et 1874, de
nombreux essais de fonte de platine iridié. En mai 1874, ils obtinrent une
coulée de 250 kg d'un alliage connu sous le nom « d’Alliage du Conservatoire
», qui ne fut pas retenu pour les prototypes internationaux, à cause du
non-respect strict des tolérances fixées présence de certaines impuretés et
excès d'iridium. On lui préféra un alliage fabriqué par Johnson-Matthey, de
Londres. Cependant, les mètres nationaux réalisés avec l'alliage du
Conservatoire furent reconnus ultérieurement aussi stables que ceux
fabriqués avec l'alliage de Londres.
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